jeudi 13 mars 2014

LA MOUCHE Le génie néfaste de la science

Brundlestein
Le personnage principal, Seth Brundle, est un scientifique aux allures de savant fou, tant par son physique, qui se caractérise par ses cheveux longs et ébouriffés, que par son comportement asocial, renfermé sur lui-même. Le réalisateur fait ainsi un clin d’œil direct à un autre savant fou, Albert Einstein, qui est même cité lorsque Seth justifie le fait qu’il n’ait que des tenus identiques pour les sept jours de la semaine afin de ne pas perdre de temps dans le choix vestimentaire.
Il est passionné par son métier, allant même jusqu’à vivre dans son laboratoire se coupant volontairement du monde extérieur. Il n’a donc aucune relation avec autrui, tant sentimentale qu’amicale, et vie comme un hermite.  

Le labo : lieu de vie ou tombeau ?
Le réalisateur a créé un endroit sombre, lugubre, très peu éclairé par des vitres fumées, opaques, qui n’ouvrent sur aucune échappée. Le lieu de vie de Seth fait penser à un hangar désaffecté qu’on pourrait qualifier de squat et qui par sa dimension emmurée et sépulcrale renvoie à l’image du tombeau. Tout cela s’oppose au bureau de Stathis, avec des baies vitrées largement ouvertes sur l’extérieur.
En effet, les lumières et le décor nous laissent imaginer que c’est ici qu’il finira ses jours.
De plus, la majorité des scènes du film se déroulent dans le laboratoire. Au début ce dernier est bien rangé, mais il va se dégrader au fur et à mesure du film, subissant une transformation : au départ c’est un lieu de vie, et au final une sépulture. 



Voyage vers le divin
                Seth travaille sur un projet technologique révolutionnaire : la téléportation. Cela consiste à désintégrer les cellules d’un corps en un point A et de les reconstituer en un point B. Etant lui-même victime du mal des transports, que ce soit en voiture ou en tricycle lorsqu’il était enfant, cela pourrait lui permettre de parcourir une large distance en très peu de temps sans en souffrir.
Au-delà de cela, Seth, par  ses recherches, se rapproche d’une certaine manière du créateur, de Dieu. En effet, ses expériences cherchent à modifier la nature humaine dans son essence même. Le scientifique est ainsi assimilé à un démiurge. L’utilisation par Cronenberg du chiffre trois, trois télépodes, trois personnages principaux, n’est pas sans rappeler la Sainte trinité.
Mais son invention ne s’arrête pas là. En effet, Seth se rendra compte qu’il est difficile d’imiter l’œuvre de Dieu, car il parvient à déplacer des objets sans vie, mais lorsqu’il applique le phénomène sur lui-même, un simple concours de circonstances va lui coûter la vie.

Un embryon technologique
Dans les années 80, la téléportation n’existe pas. Et la manipulation génétique en est à ses balbutiements. A son insu, Seth va faire de son laboratoire un lieu d’abomination.
Trois télépodes sont nécessaires à la téléportation. Seulement deux sont actifs jusqu’à la fin du film, puis un troisième s’ajoute à la toute fin, sans vitre, avec une porte opaque. Ils sont tous trois reliés par des câbles à un ordinateur qui fait office de base centrale.
Le troisième télépode est le plus important. En effet, il s’agit d’un prototype, sous une bâche pendant tout le film, mais c’est lui qui permettra de faire apparaître la créature organique et mécanique finale. On remarque que chaque télépode adopte une forme archaïque et en même temps révolutionnaire, renvoyant à des carapaces d’animaux géants, à des œufs et leur intérieur utérin (en particulier lorsque Seth est nu à l’intérieur, et qu’un disque de lumière blanche figure la rondeur et le coton). Un câble reliant la fusion finale et le télépode fait même penser à un cordon ombilical.
De plus, à chaque fois qu’on voit le télépode après une téléportation, on remarque une forte présence de brume qui cache le résultat, mettant place au suspens quant à l’apparition de la création.



CHADEAU Alan
COSTAGLIOLA Hugo
PARDIES Yannick